Les dérives en médecine esthétique
Ces dernières années, la médecine esthétique a connu un essor important, notamment auprès des jeunes générations grâce aux réseaux sociaux et aux filtres beauté sur Instagram qui participent à la recherche d’un idéal de beauté que la médecine esthétique leur permettrait d’atteindre.
Si les soins esthétiques ne doivent être réalisés que par des médecins formés à leur bonne pratique, cela n’empêche pas des personnes peu scrupuleuses de profiter de cette nouvelle popularité de l’esthétique, entraînant de nombreuses dérives.
Les dérives actuelles
On a vu émerger récemment des influenceurs qui se déclarent injecteurs et qui proposent des tutos vidéo, notamment sur YouTube, pour s’injecter soi-même. Ces injecteurs auto-proclamés véhiculent l’idée que les injections sont un geste « simple » et réalisable par n’importe qui, et influencent leur large communauté, souvent très jeune, à les imiter en réalisant eux-mêmes des injections.
Un autre phénomène inquiétant qui prend beaucoup d’ampleur concerne les injections sauvages réalisées par des non-professionnels de la santé en toute illégalité. Ces « fake injectors » profitent de l’influence des réseaux sociaux pour communiquer auprès d’une jeune patientèle attirée par des prix réduits et des photos avant/après souvent fausses.
Les risques et dangers
Au-delà de leur illégalité, ces dérives représentent un véritable risque pour les personnes injectées.
En effet, les injectrices clandestines n’ayant aucune formation médicale, elles ne sont pas en mesure d’identifier et de respecter les contre-indications médicales aux injections d’acide hyaluronique. Même s’il s’agit d’un composant naturel de notre organisme, les injections de médecine esthétique sont effectuées avec un acide hyaluronique de synthèse, les allergies au produit sont donc possibles, et si elles surviennent, un non-médecin ne saura pas les identifier ni les prendre en charge.
De plus, ces injections sauvages étant souvent réalisées dans des appartements ou des hôtels, elles sont faites dans un environnement non contrôlé, non stérile, sans respect des normes d’hygiène. Il n’y a aucune traçabilité et aucune garantie sur la qualité des produits injectés, qui sont souvent achetés sur Internet et peuvent être des contrefaçons ou des marques interdites en France.
La réalisation d’injection par des médecins leur demande de longues années d’études pour connaître les spécificités anatomiques du visage. Les fake injectors ne disposent pas de ces connaissances, il y a donc de fortes chances que les injections soient mal réalisées, en injectant au mauvais endroit (par exemple dans une artère) ou en trop grande quantité, laissant des patientes défigurées.
Le danger est donc bien réel et les conséquences peuvent être parfois gravissimes avec des réactions inflammatoires sur les zones injectées comme des nodules, voire des nécroses cutanées qui peuvent conduire à une amputation de la lèvre ou du nez.
Sachez également qu’en cas de problèmes, votre assurance ne pourra pas prendre en charge les coûts pour réparer les dégâts des injections, car elles ont été réalisées illégalement.
La législation en France
Seuls les chirurgiens esthétiques, les dermatologues et les médecins esthétiques spécifiquement formés sont autorisés à réaliser des injections.
Le ministère de la Santé publique explique ainsi que « la pratique d’effraction cutanée à visée esthétique par des esthéticiens est illégale. » Ce qui est confirmé par le Code de la santé publique : « La réalisation d’injection est interdite aux esthéticiens et a fortiori à tous les non-professionnels. »
Toute autre personne non habilitée qui réalise des injections se rend coupable d’exercice illégal de la médecine. Un délit pouvant entraîner une condamnation allant jusqu’à 2 ans de prison et 30 000€ d’amende.
Les actes esthétiques ne doivent jamais être effectués en dehors des cabinets médicaux. Pour des raisons légales certes, mais il s’agit surtout et avant tout de votre santé et de votre sécurité qui ne devraient pas être mises en péril pour réaliser quelques économies.
Dernière modification : 12/05/2023
